We’re old enough to drink – why can’t we be grown up enough to accept health advice?

Nous sommes en âge de consommer de l’alcool, alors pourquoi ne sommes-nous pas suffisamment adultes pour suivre les recommandations en matière de santé?

Posted by Chelsea Finnigan on

Je sais, je sais, je comprends. Pour vrai. Je comprends que bon nombre de personnes trouvent risible de parler de bière et de vin sans alcool, et trouvent même parfois le concept offensant.

En revanche, je n’arrive pas à saisir exactement les raisons qui motivent ce comportement, et encore moins pourquoi ces personnes ressentent le besoin de vociférer si haut et si fort.

J’en ai entendu des vertes et des pas mûres depuis l’ouverture du mon magasin appelé The Alcohol-Free Shop (le magasin sans alcool).

« Mais pour quoi faire? Suffit de boire de l’eau! »

« Sans alcool? À quoi bon? Moi, ce que je veux, c’est une boisson alcoolisée! »

« C’est comme embrasser sa sœur; ça goûte pareil, mais ce n’est vraiment pas correct! » (Nous présentons ici la version polie de cette citation.)

Chaque fois qu’un article est publié sur les boissons sans alcool, comme ce fut le cas la semaine dernière dans un grand journal britannique, la section « commentaires » est remplie de ce genre d’absurdités.

Et les évènements où il s’agit d’arrêter de consommer de l’alcool pendant un mois ne font qu’ajouter au problème. Un nombre inquiétant de personnes semblent se sentir menacées par celles qui choisissent de s’abstenir de boire de l’alcool.

Les commentaires qui me gênent le plus sont ceux qui s’inscrivent dans un courant de pensée qui ressemble à ce commentaire lu l’autre jour : « Perte de temps. Prenez simplement un vrai verre pour l’amour du ciel. Les bons moments passés au bar l’emporteront largement sur les mauvais moments passés sur votre lit de mort. » Les personnes qui prononcent de telles phrases n’ont probablement jamais été témoins du caractère extrêmement douloureux, lent et pénible de la mort.

Chaque fois que je lis des commentaires comme ceux-ci, je désespère. Ce n’est pas simplement parce que ces personnes se croient drôles et originales (croyez-moi, vous ne l’êtes pas), mais parce que leurs commentaires reposent souvent sur l’ignorance.

Des faits clairement établis, par exemple, le lien qui existe entre l’alcool et le cancer, sont ignorés, et ces personnes refusent d’accepter que nous ne voulions pas toujours consommer de l’eau ou un jus d’orange.

Je ne dis pas que cette attitude soit particulière au Royaume-Uni, mais je passe beaucoup de temps en Espagne et l’attitude y est très différente là-bas. Presque tous les bars servent de la bière sans alcool et elle est simplement perçue comme une option qui a bon goût. En Allemagne, pays où l’on trouve les meilleures bières du monde, il existe une gamme étonnante de bières sans alcool et elles sont considérées comme une option viable et savoureuse.

Pour une raison quelconque, le Royaume-Uni est à la traîne.

Il arrive souvent qu’on nous accuse, nous et les autres personnes qui travaillent dans l’industrie des boissons sans alcool, de porter des jugements. Or, l’ironie du sort est que ce sont souvent ces accusateurs qui portent leurs propres jugements mal informés sur ceux qui boivent des boissons sans alcool.

Je ne porte pas de jugement envers les gens qui boivent de l’alcool. En effet, la plupart de mes amis et des membres de ma famille, même mes collègues de la boutique, prennent un coup. Et il m’arrive souvent d’être avec des amis qui consomment de l’alcool. Pourquoi est-ce qu’il en serait autrement?

Je consommais de l’alcool auparavant. J’ai même aimé consommer de l’alcool pendant de nombreuses années. Mais j’ai fini par réaliser que je ne pouvais plus agir ainsi. Ma consommation d’alcool avait une incidence négative sur ma vie et il fallait que j’arrête. En juin, je célèbrerai 12 années de sobriété; ma décision d’arrêter de boire fut l’une des meilleures décisions que j’aie prises – pour moi.

Loin de moi l’idée de forcer qui que ce soit à me suivre. Je ne dirai jamais à quelqu’un de ne pas consommer d’alcool, car la décision est la leur.

Alors, pourquoi ceux qui consomment de l’alcool ressentent-ils le besoin, ou pensent-ils avoir le droit, de dire à ceux qui n’aiment pas consommer d’alcool qu’ils ont tort?

Plusieurs raisons expliquent pourquoi nos clients ne consomment plus d’alcool. Certains, la minorité, consomment nos bières sans alcool parce qu’ils sont d’anciens alcooliques. Certains les consomment parce qu’ils ont d’autres problèmes de santé qui les obligent à éviter l’alcool. D’autres les consomment parce qu’elles sont enceintes, veulent perdre du poids, doivent conduire, ou tout simplement parce qu’elles souhaitent réduire la quantité d’alcool qu’elles consomment et qu’elles ne veulent pas se limiter à des boissons gazeuses et à des jus de fruits sucrés.

À notre avis, il est juste de dire qu’elles aiment les boissons sans alcool, sinon à quoi bon continuer à les commander? Nous nous sommes lancés en affaires en 2006 et nous ne cessons de croître depuis, tout en préservant et en développant une clientèle fidèle.

Les lignes directrices publiées récemment par le médecin-hygiéniste en chef du Royaume-Uni confirment qu’il n’existe pas de niveau sécuritaire en ce qui concerne la consommation d’alcool.

Certaines personnes, y compris des commentateurs réputés, ont tenté de caractériser ces lignes directrices comme des « limites » et ont accusé le gouvernement de « maternage ».

Mais ne serait-il pas préférable de bien comprendre les problèmes que peut causer la consommation d’alcool de sorte à permettre à ces personnes de prendre une décision éclairée?

Nous savons maintenant que les produits transformés à base de viande comportent un risque accru de cancer, mais cela ne signifie pas que je n’en consomme pas de temps à autre. J’ai probablement réduit ma consommation depuis, et selon ce que j’ai lu, plusieurs personnes ont choisi de faire pareil (la vente de saucisses et de bacon a baissé), mais je ne compte pas arrêter complètement. Je connais les risques et je choisis de les gérer. C’est à cela que servent les lignes directrices.

Alcohol Concern, organisme de bienfaisance qui est à l’origine de Dry January (janvier sobre) a lancé la première édition du prix Zero Alcohol Awards (prix zéro alcool). Nous avons été sélectionnés pour certaines catégories et nos clients nous ont fortement appuyés en partageant leurs histoires remarquables.

Un courriel en particulier nous a impressionnés. Une mère de deux petits enfants nous a écrit pour nous remercier du service que nous fournissons. Son mari, âgé de 39 ans seulement, souffre de migraines hémiplégiques (un type de migraine qui est rare et plutôt grave).

Elle m’a expliqué combien les migraines de son mari étaient terrifiantes, au point où il devait souvent être hospitalisé. Il a fallu cinq mois de tests pour exclure les accidents vasculaires cérébraux, le diabète et les tumeurs du cerveau. Son état était grave et on lui a dit d’éviter l’alcool pour le reste de sa vie, car l’alcool pourrait déclencher une migraine susceptible de l’envoyer de nouveau à l’hôpital.

Elle disait comprendre qu’arrêter de consommer de l’alcool n’est pas si difficile pour certaines personnes, mais que pour son mari, qui a une vie sociale active et qui aime consommer de l’alcool à la maison, cette directive a eu l’effet d’un éteignoir.

Lorsque le couple a découvert qu’il existait plusieurs options « adultes » tout aussi savoureuses, il s’est ajouté à la liste de nos clients réguliers. Elle nous a écrit pour nous dire que notre boutique avait « profondément changé la vie de sa famille » et que son mari n’avait pas été obligé de sacrifier un quelconque aspect de sa vie. Par ailleurs, elle n’avait plus à s’inquiéter qu’il s’effondre à nouveau pour cause d’avoir consommé même une petite quantité d’alcool.

Elle a terminé son courriel ainsi : « Je suis au bord des larmes en vous écrivant ceci. Si vous pouviez voir à quel point cela a changé notre vie familiale, vous le seriez aussi. »

Ce genre de commentaires ne sont pas rares. Nous les recevons souvent, et chaque message nous touche. En outre, ils réaffirment la raison pour laquelle nous faisons ce que nous faisons.

Nous ne pouvons pas éliminer la stupidité, et je sais que je recevrai toujours le genre de commentaires dont j’ai parlé en début d’article. Avec un peu d’éducation, cependant, de même qu’un peu de maturité sociale, je suis d’avis que leur nombre diminuera et que moins de personnes devront souffrir des problèmes à long terme causés par l’alcool, du moins je l’espère.

Publié le 23 janvier 2016, par John Risby.

John Risby est le directeur général du Alcohol Free Shop situé à Manchester, au Royaume-Uni.